Circoncision et SIDA

Salut!

Vu dans Nature: la circoncision protégerait du SIDA (40% moins de risques).
Intéressant non, voilà qu'en plus d'augmenter la vigueur sexuelle la circoncision aurait des vertus plus "polically correct"?
Qui a dit que l'homme était une créature parfaite? Il y a un p'tit bout en trop!

Stephane

Bonjour ;

Je sais que la circoncision était pratiquée dans la plus haute Antiquité en Egypte.
Religieuse ou sanitaire, elle à toujours fait ses preuves contre les MST.
Qu’il en soit de même pour l’HIV, ce n’est pas surprenant.
Ce n’est qu’une simple question d’hygiène,
Hygiène très aléatoire chez les Européens,paraît-il

Blondie qui a reçu des confidences

Que vient faire l'hygiène dans l'infection du SIDA??

Stephane, qui n'a pas compris

euh... comment a été calculé ce "moins de risque"?

Parce que c'est bien gentil d'annoncer ce genre de chose, mais encore faudrait-il voir si les stats confirment que c'est la circoncision qui réduit les risques ou le style de vie.

Car la circoncision reste liée, il me semble soit à un soucis de respect de normes religieuses strictes, soit à un soucis d'hygiène.

Dans le premier cas, le circoncis aura sans doute été éduqué selon une morale qui va réduire, naturellement, les risques de contracter une MST.
De la même façon, une personne suffisamment soucieuse de son hygiène intime, va sans doute avoir un style de vie qui va l'amener à prendre des précautions qui vont également et de la même façon réduire les risques.,


N'oublions pas qu'il est possible de faire dire à peu près n'importe quoi aux chiffres, surtout lorsqu'il s'agit de statistique.

Il s'agit de plusieurs études scientifiques. Je ne les ai pas lues, mais je suppose qu'ils ont fait les contrôles habituels et calculé les erreurs.
Une étude montre que ce n'est pas vrai, que c'est le nombre de prostituées (!!!) qui intervient dans l'incidence du SIDA, mais cette étude est fortement critiquée.

Stephane

Ce n'est pas une question de perméabilité de la muqueuse du bout dénudé ?

PeM

Peme a écrit:

Ce n'est pas une question de perméabilité de la muqueuse du bout dénudé ?

Oui, en termes plus précis:muqueuse irritée par une mauvaise hygiène,petits boutons et autres
Il me semble que le VIH peut se transmettre par contact des muqueuses(bouche, mauvais état des gencives) enfin chaque fois que la peau laisse une porte ouverte au virus,ceci étant valable pour toute la faune microbienne,
Enfin c'est mon avis:D

Blondie

En supprimant un bout de peau, on supprime aussi en toute logique une certaine surface contaminable.
De plus, cette surface est en temps normal une muqueuse protégée de toute agression mécanique, elle est également fine et plutot fragile, par conséquent, facilement blessée et constitue donc une "bonne" porte d'entrée pour tous types de MST, pas seulement le SIDA

Les études ont eu lieu en Afrique australe et les biais susceptibles de fausser les résultats particulièrement bien maitrisés car le soupçon de l'efficacité de cette mesure chirurgicale était connu depuis longtemps et les scientifiques qui ont conduit cette étude étaient particulièrement prudents à cause du risque de récupération religieuse (les juifs et les musulmans sont circoncis, les chrétiens non )

Les résultats sont bel et bien valides (même si cela devait mettre à mal quelques idées reçues...)

Rien à voir avec la morale ou la religion.
Un virus c'est con c'est à dire une capside protéique encapsulant un message génétique. Un virus c'est con mais dans un milieu extérieur, c'est surtout fragile à la dessication (désolé pas sûr de l'orthographe). Donc un virus verra son taux de survie d'autant augmenter que le mileu dans lequel il se trouve sera humide.

Le prépuce en moins = surface sèche et donc pas du tout favorable à la survie du VIH. C'est donc bien une histoire d'hygiène...

Effectivement ca se tient, surtout que le virus du SIDA est connu pour son faible taux de survie à l'air (ce n'est pas le cas pour tous).

Stephane

Salut à toutes et à tous !

Je suis un "petit nouveau" sur le forum, même si, il y a quelques années, je contribuais déjà par quelques messages mais depuis, mon compte a été désactivé...

Alors pour mon grand retour, je flâne et je m'arrête sur ce sujet déjà ancien mais je pense qu'une petite mise à jour s'impose car l'infecion à VIH est un sujet toujours d'actualité, dramatiquement et certaines informations même parues dans des journaux prestigieux ne valent pas leur pesant de cacahuètes.

Comme beaucoup de professionnels de la recherche biomédicale (et en plus je travaille dans le domaine du SIDA), j'ai été très intéressé par cet article concernant la circoncision. Pour replacer les choses dans le contexte, nous avons été une majorité à être surpris par la publicité faite autour des résultats de cette étude épidémiologique, ne serait-ce que considérant la recrudescence actuelle des comportements à risque.

Comme certains d'entre vous l'ont dit, la circoncision est depuis très longtemps déjà associée à un risque inférieur de contracter certaines affections, en particulier certaines MST d'origine bactériologiques. Nous nous attendions à ce qu'une étude paraisse concernant le risque d'infection à HIV chez les sujets circoncis sachant que le même type d'étude avait déjà été mené pour l'hépatite B (dont le vecteur est le virus VHB). La déconvenue de très nombreux épidémiologistes fut grande avec l'étude VIH car elle répétait les mêmes erreurs faites dans le passé. L'étude VHB n'avait pas pris en compte une variable extrèmement importante de l'infection, la stratification des sujets par groupe dits "à risque croissant". Cette variable de risque d'infection est une composante essentielle dans le domaine de l'épidémiologie virale, surtout si l'on parle d'une pandémie comme celle de l'infection à VIH (vous remarquerez que je n'utilise pas le terme SIDA se réfarant essentiellement à un stade de l'infection et non à une maladie elle-même).

La stratification de la population en fonction du risque de contracter l'infection est reproductible d'une MST à l'autre (ce qui est vrai pour l'hépatite B est vrai pour le VIH). La répartition des sujets dans l'étude faite sur le VIH n'a pas tenu compte, comme pour l'étude sur le VHB des différents critères de stratification : d'une part l'âge, l'origine géographique (et non ethnique), certaines composantes sociologiques (religion, hygiène courante), pratiques sexualles (sans forcément faire appel aux préférences sexuelles), et la composante sociologique essentielle, la catégorie socio-professionnelle).

Dans les semaines qui ont suivi la parution de leur article, les auteurs ont été littéralement bombardés de questions, emails et autres lettres bien salées leur rappelant les faiblesses méthodologiques de leur étude (il est d'ailleurs surprenant que cet article soit passé au travers du crible des relecteurs de la revue réputés être parfaitement impitoyables). L'OMS s'est également mise de la partie et a rappelé qu'en opérant une analyse transversale des résultats obtenus, le risque de contractere l'infection à VIH chez les patients circoncis évoluait de façon croissante en fonction du niveau de risque catégorisé.

Tout ceci signifie qu'à ce jour, le fait d'être circoncis réduit de façon infime le risque contamination mais dans des proportions beaucoup plus réduites qu'initialement montré dans l'article et en AUCUN CAS il ne s'agit d'un facteur protecteur.

Les raisons invoquables à une diminution du risque sont simples. Les virus sont extraordinairement sensibles à l'air ambiant (en particulier les rétrovirus comme le VIH). Le VIH est désactivé par un simple contact avec l'air mais pas immédiatement. Bien sur le gland débarassé du prépuce est plus sec et soumis à l'influence de l'air ambiant beaucoup plus que chez les personnes non circoncises mais l'humidifcation muqueuse du gland même circoncis constitue toujours un réservoir pour le virus.

Ce genre d'étude est bien sur très important pour la connaissance globale de la maladie mais les interprétations que l'on en fait peuvent être effroyablement désastreuses. Pour petite information, le nombre de nouveaux cas en France et en Europe de l'Ouest a tendance à réaugmenter depuis deux ans du fait d'un rebond des pratiques à risque, quelles que soient les "communautés" sexuelles.

A bon entendeur... Sortez toujours couverts !

Merci pour tes explications très intéressantes.

Stephane