En fait, l'Angleterre n'est pas entrée dans l'Europe parce qu'elle désirait que celle-ci se développe, mais simplement parce qu'ils avaient compris qu'ils ne devaient pas être en-dehors de ce grand marché qui se constituait. Si on va vers l'Europe politique, il est évident que l'Angleterre n'a aucune envie d'aller vers une intégration plus forte et qu'elle se contente du fait de gagner de l'argent grâce à l'existence de sa petite niche.
La démarche de Delors va à contre-courant de celle de bien des européanistes. Ils sont nombreux à espérer la tenue d'un référendum où les anglais déclareraient vouloir sortir et où le gouvernement anglais n'aurait aucune marge de manœuvre pour garder des avantages. En fait, ils sont nombreux à penser "Qu'elle sorte!" en sachant qu'une sortie brutale de l'Angleterre ou du Royaume Uni risque de causer pas mal de dommages à celle-ci (ou celui-ci). L'un des problèmes de l'Europe, c'est qu'elle a tellement servi de bouc émissaires à un tas de politiciens plus ou moins démagogues qu'on ne voit plus les avantages qu'elle apporte et qu'elle a apporté. La sortie brutale de l'Europe de l'Angleterre, ou de la Flandre, de la Catalogne, de la Lombardie devrait servir de leçon à la majorité des européens trop tièdes. Donc, ils sont assez nombreux à espérer que l'un des ces états ou portion d'état sortent de l'Europe et démontrent qu'il est encore plus difficile de vivre hors de la protection de l'Union Européenne. Ceux-là seront déçus de la proposition de Delors.
Car Delors propose à l'Angleterre de sortir de l'Europe politique tout en gardant les avantages économiques qu'elle en retire actuellement. Je doute que Cameron accepte, parce qu'il désire quand même avoir un œil sur les décisions prises à Bruxelles. Ce fut le cas pour de nombreuses décisions prises dans le cadre de la défense de l'Euro. Le Royaume-Uni ayant gardé sa monnaie ne fait pas partie de l'Eurogroupe, or Cameron a insisté pour que certaines décisions soient prises au niveau européen où il pouvait participer et non pas au niveau de l'Eurogroupe dont il était exclu. Il voulait pouvoir peser sur les décisions et officiellement s'assurer qu'aucunes des décisions prises n'iraient à l'encontre de l'Angleterre et de ces banques. C'est ce qui a du motiver la proposition de Delors : l'un des plus grand freins qui existe à l'heure actuelle à la bonne marche de l'Europe, c'est le Royaume-Uni. Et ce frein est serré à son maximum en ce moment retardant des décisions qui pourraient accélérer la sortie de crise. Surtout qu'au grès de leurs intérêts, le français ou les allemands se sont déjà alliés aux anglais pour certaines discussions. Bref : "Qu'ils sortent !"