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 Télé et justice, une pièce de plus au dossier.

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2 participants
AuteurMessage
narduccio




Nombre de messages : 5389
Age : 65
Localisation : Alsace
Date d'inscription : 07/02/2007

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MessageSujet: Télé et justice, une pièce de plus au dossier.   Télé et justice, une pièce de plus au dossier. Icon_minitimeMer 1 Oct 2008 - 22:29

Voici un article du journal La libre Belgique. Je ne connais pas le fond de l'affaire, mais ce qui est dit me semble correspondre à bien des affaires médiatiques :

http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/449475/la-justice-otage-de-la-tele.html

Citation :
Nul ne peut être à la fois juge et partie. Ce fondement de notre justice est systématiquement foulé aux pieds par les médias qui exploitent jusqu'à saturation la veine de la compassion.

Adam, un prénom prédestiné pour celui à qui l'on voudrait faire porter tout le péché du monde. Un meurtrier qui méritait la peine maximale, si l'on en croit la grande majorité de l'opinion dite citoyenne. Tous ceux qui diront le contraire sont des inciviques. Seulement voilà : cette fois-ci, c'est le jury qui en a décidé autrement. Soit douze jurés qui sont censés refléter l'opinion générale et se prononcer au nom du peuple belge. Ça la met mal ! Il n'en faut pas plus pour que certains envisagent de réformer la Cour d'assises. Ou pour insinuer, comme les parents de la victime, que les jurés avaient été triés sur le volet, seuls étant admis les "intellectuels" (lesquels, c'est bien connu, ont tendance à tout compliquer). Et si l'on arrêtait d'errer collectivement ? L'affaire d'Adam G. (par une curieuse, ou furieuse, homophonie, il y a danger) n'illustre rien d'autre que les méfaits d'une mauvaise médiatisation.

Aujourd'hui, qu'on le déplore ou non, la justice, c'est la justice vue "dans le poste". La principale source d'information du grand public, c'est la télé. C'est elle qui forge l'opinion publique et la conditionne. Cette manipulation est d'autant plus efficace qu'elle obéit à une loi simple : servir à l'opinion ce qu'elle désire entendre.

L'audimat n'est rien d'autre que la mesure dans laquelle un média réussit à flatter son public en étant exactement conforme à ses attentes. Ce jeu de séduction indispensable pour acquérir des parts de marché entraîne, comme on s'en doute, une stéréotypie de la pensée, un conformisme du discours, une aseptisation du langage servant à rencontrer dans l'opinion le plus grand dénominateur commun. Sans oser se demander si ce que tout le monde pense à l'identique n'est pas forcément le plus trivial, ou, pour dire crûment les choses, le plus con ! Car, ne nous voilons pas la face, il arrive régulièrement à chacun d'entre nous de nourrir des idées stupides sur des tas de problèmes que nous n'avons pas compétence à juger. Mais, bien sûr, en matière de justice, chacun est spontanément convaincu qu'il est capable d'émettre un jugement valable puisque son voisin en fait autant et que la télé le conforte sans arrêt dans cette idée. La justice n'est-elle pas l'affaire de tous ? D'où vient que chacun ne pourrait pas se faire (ce qu'il croit naïvement être) sa propre opinion sur une affaire aussi sensible ? Voilà donc Monsieur Tout le Monde fort de sa conviction au sujet d'Adam. Conviction nulle, bien entendu, mais qui oserait le lui rétorquer ? Il n'a pas eu accès au dossier répressif, n'a pas assisté aux audiences et juge l'affaire en fonction de ce que les médias lui en ont dit. Critiquer les jurés parce qu'ils sont arrivés à la conclusion qu'il n'y avait pas d'intention homicide suppose que l'on soit plus apte qu'eux d'en juger. Or, c'est évidemment le contraire qui est vrai.

Cette question relevant par ailleurs de l'intime conviction des jurés, on ne saurait contester leur verdict sans remettre fondamentalement en cause l'institution du jury (dont le propre est qu'il n'a pas à rendre compte des motifs de sa décision). Osons poser le constat : ce que le public pense en général de la justice est d'un simplisme confondant et totalement convenu. Du reste, pourquoi voir plus loin que le bout de son nez quand la télé nous tend sans relâche son miroir complaisant, flattant notre bêtise et faisant l'éloge de notre vulgarité. Nous faire penser comme tout le monde n'est-il pas le but ultime de l'entreprise télévisuelle, puisque cela lui permet de ratisser de plus en plus large ? Ce totalitarisme n'effraie cependant plus guère, car on se réconforte pour la plupart de raisonner comme la plupart, conformément à ce que la télé, masquée sous l'alibi de l'information, nous habitue jour après jour à (ne plus) penser. D'où vient, par exemple, cette conviction généralisée qu'Adam devait être déclaré coupable de meurtre et qu'il méritait une peine exemplaire (à subir en Pologne, s'il vous plaît, parce qu'il s'est engagé à supporter l'entière responsabilité de son acte !) sinon d'une colossale - et quotidienne - dérive des médias depuis le début de cette affaire ?

Ceux-ci en ont parlé sans discontinuer depuis deux ans, maintenant leur auditoire dans un état d'alerte continuel, faisant monter la pression à chaque stade de la procédure. Bafouant continuellement le secret de l'instruction (mais qui s'en soucie encore ?), comme si les médias étaient dorénavant les garants et les gardiens de la justice juste. Et quel est le critère de cette justice selon les médias ? C'est d'épouser le point de vue des victimes, seul point de vue légitime, car il n'y a qu'aux victimes que l'on puisse décemment s'identifier ! On s'en va donc en toute occasion interroger les parents de Joe, l'ami de Joe, le père de l'ami de Joe, ses condisciples et tous ceux, innombrables, qui partagent leur douleur et leur indignation pour leur demander à quelle sauce manger ceux qui l'ont tué ! Mais comment s'opposer à ce parti pris sans paraître faire bloc avec les coupables ? Pourtant, il faut à nouveau oser l'affirmer : ce ne sont pas, et ce ne peuvent être les victimes qui rendent la justice, et surtout pas par médias interposés, compte tenu de la force de leur impact 'incommensurablement plus important que la publicité du procès lui-même). Si quelque chose comme la justice existe, c'est précisément pour qu'il n'échoie pas aux victimes de la rendre. Si tout le monde doit s'accorder là-dessus, alors il faut admettre qu'il est aberrant de réintroduire la victime par la bande, en lui donnant (sans qu'elle l'ait forcément demandé) un pouvoir d'influence qu'elle ne devrait pas avoir. Que l'on éprouve pour elle une compassion sans mesure ne peut jamais avoir pour conséquence que l'on juge de son point de vue. Ni la culpabilité de l'accusé ni la hauteur de la peine à lui infliger ne sauraient dépendre d'aucune façon de l'opinion de la partie civile, parce qu'elle n'est précisément qu'une partie au procès et que nul ne peut être à la fois juge et partie. Or, ce qui paraît élémentaire pour le premier étudiant en droit venu est systématiquement foulé aux pieds par les médias, qui exploitent jusqu'à saturation la veine de la compassion. Avec le succès escompté. Et le désastre que cette affaire illustre jusqu'en son dénouement.

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Huyustus




Nombre de messages : 1749
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/03/2008

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MessageSujet: Re: Télé et justice, une pièce de plus au dossier.   Télé et justice, une pièce de plus au dossier. Icon_minitimeMer 1 Oct 2008 - 23:28

C'est d'autant plus révoltant que dans un cas comme celui que j'ai cité sur le fil "3 ans de prison", on pourrait s'attendre à ce que les média s'en saisissent pour montrer l'arbitraire, la brutalité, le mépris des gens, la disproportion, dont la justice peut parfois faire preuve.

Mais non, rien, ou presque...
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Télé et justice, une pièce de plus au dossier.
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