La France prête à tout ?

Dans une interview la semaine passée, le chef d'état major de l'Armée française a déclaré que l'armée "se préparait aux engagements les plus durs"

Comment traduire en langage civil le très militaire "prêt à tout" ?

Et qu'est-ce qui est clairement du "on est partie prenante dans le conflit" ?
Et qu'est-ce qui est clairement "On aide mais on ne participe pas" ?
Et qu'est-ce qui est "entre gris clair et gris foncé", dans cette zone qui est "P'têt bin qu'oui qu'on participe mais p'têt bin qu'non qu'on n'est pas encore en conflit" ?

Salut

Lgda a écrit:

Et qu'est-ce qui est clairement "On aide mais on ne participe pas" ?

Une présence étrangère non participative directement sur le front en Ukraine pourrait vouloir  dire ceci :
- garde de prisonniers russes,
- maintien d'une force le long de la frontière biélorusse, qui n'est toujours pas en guerre avec l’Ukraine, ce qui dégagerait près de 100.000 ukrainiens qui pourraient aller au front renforcer les effectifs,
- aide logistique, genre réparation des véhicules, aide médicale, bref ce genre de chose
aucune force ne serait donc directement en contact avec l'armée russe.

Et aurait certainement un effet dissuasif, je ne pense pas que la Russie, malgré toutes les rodomontades dont elle fait preuve, n'oserait pas un affrontement direct avec des armées de l’Otan.

Le Vieux

Le "prête à tout" veut dire faire face à toute la gamme des situations militaires possibles. Les trois dernières marches de l'escalade militaire seraient:

1. L'envoi de militaires en Ukraine pour agir directement contre l'armée russe.
   
2. Le bombardement ou l'action militaire revendiqués en territoire russe.
   
3. et dernier, la riposte à l'arme nucléaire.
   

Avant cela, il y a pléthore d'actions possibles pour soutenir l'Ukraine, et en particulier le soutien logistique, médical, technique, financier et de renseignement, avant même de parler d'avoir des troupes (régulières ou "contractors") sur le terrain.

En face, Poutine est clairement lancé dans une conquête militaire totale de ses objectifs déclarés. Si ceux-ci sont annoncés actuellement comme étant les 4 régions du sud-est de l'Ukraine (plus la Crimée), un effondrement des armées ukrainiennes pourrait le conduire à remettre au goût du jour son plan de conquérir Kiev (ce qui provoquerait la disparition de l"Ukraine actuelle) en s'arrêtant sur le Dniepr, ou bien encore en poursuivant jusqu'aux frontières ex-soviétiques (selon l'état de décomposition des forces ukrainiennes et les réactions occidentales). Et si les américains sont occupés ailleurs pour contrer des actions chinoises, iraniennes ou coréennes (ou un mélange de tout ça), les européens se retrouveraient seuls avec des armées morcelées face à une armée russe expérimentée et dont la machine de guerre industrielle tournerait à plein régime : Prévoir

• Le paiement de réparations de guerre d'un montant astronomique pour "les destructions causées par les fauteurs de guerre occidentaux",
  
• L'annexion des territoires ex-soviétiques (voire plus),
  
• La vassalisation ou la "finlandisation"de toute l'Europe (y compris la Turquie),
  
• et en dessert, la domination des néo-empires chinois, russe, perse et arabe (parce que l'Arabie Saoudite ales moyens et la volonté de prendre la tête des pays musulmans). Les USA seraient isolés (ce qui ne fâcherait pas forcément les trumpistes), la politique et le commerce mondial en seraient bouleversés. Et en prime, les européens "sortiraient de l'Histoire" en ne jouant plus aucun rôle de premier plan (par manque de moyen, de volonté, et de population).
  

Inutile de préciser que l'ONU ne serait pas plus utile que la SDN, et que ce serait le retour de la diplomatie (promue par Poutine) des zones d'influence, des empires, le règne de l'arbitraire et des "fake news".
La séquence suivante de mon scénario de politique-fiction serait la domination mondiale par la faim (la Russie détiendrait la majeure partie du commerce mondial des céréales), l'énergie (la Russie et l'Arabie pouvant ensemble bloquer ou débloquer le marché, le pétrole des américains isolés ne pouvant s'exporter suffisamment), le commerce déséquilibré (à l'avantage de la Chine), et la menace militaire (les armées les plus puissantes seraient la chinoise et la russe).

Je dois préciser que même si les ukrainiens arrivaient à se renforcer et à reconquérir le terrain perdu, je ne vois pas comment elle pourrait le faire en Crimée.

ji_louis a écrit:

Je dois préciser que même si les ukrainiens arrivaient à se renforcer et à reconquérir le terrain perdu, je ne vois pas comment elle pourrait le faire en Crimée.

En ce qui me concerne, c'est pour la Crimée que j'ai le moins de souci.
Une ile ou presqu'ile est facile à contrôler, il suffit de couper les accès.

En revanche, les autres régions, au vu de la longueur de la frontière avec la Russie, les rendent difficilement maitrisables car ce sont des centaines de km de frontière qu'il faut surveiller en permanence.

Dans les dernières infos, il était dit que les Allemands pouvaient (s'ils le voulaient) livrer des missiles Taurus et les Anglais un autre type de missile dont j'ai oublié le nom.

Ces missiles sont ils des menaces crédibles contre le pont de Crimée ?
Le cas échéant, les drones navals sont-ils une alternative plausible ?

lgda a écrit:

Ces missiles sont ils des menaces crédibles contre le pont de Crimée ?
Le cas échéant, les drones navals sont-ils une alternative plausible ?

Oui, les missiles taurus (D) ou "scalp"/"storm shasow" (F/GB) sont une menace réelle contre le pont de Crimée. Les "scalp" ont déjà servi contre d'autres ponts, c'est pour cela que les ukrainiens réclament aussi des "taurus" (système de déclenchement à l'impact différent, qui le rend plus efficace contre un pont).
Un scalp explose après impact, et traverse le tablier ou le pilier d'un pont, ce qui le rend parfait contre un immeuble, un bunker, un navire, une route ou une voie ferrée. Un taurus peut être réglé pour exploser en surface à l'impact, ce qui est plus efficace contre un pont.

Les russes ont renforcé les défenses du pont de Crimée contre à peu près tout, avec des unités dédiées.
Entre autre, après les premiers tentatives avec des drones navals, ils ont installé des jetées de défense (des barges coulées peu avant le pont) et des câbles et filets anti-sous-marins pour en contrôler l'accès. Ils ont aussi des petits patrouilleurs en permanence sur zone.
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/une-nouvelle-attaque-de-drones-navals-contre-le-pont-de-crimee-a-ete-repoussee-selon-moscou-20230902
Pour la partie anti-aérienne, il y a plusieurs batteries de systèmes différents (canon/missile) sur place.
Pour la partie terrestre, ils ont mis en place un filtrage routier des deux côtés après l'explosion qui y avait eu lieu.
Les ukrainiens ne peuvent plus les y surprendre.

Salut

J-Louis a écrit:

Pour la partie anti-aérienne, il y a plusieurs batteries de systèmes différents (canon/missile) sur place.
Pour la partie terrestre, ils ont mis en place un filtrage routier des deux côtés après l'explosion qui y avait eu lieu.
Les ukrainiens ne peuvent plus les y surprendre.

Avec l'arrivée des F16, qui pourraient transporter des scalp ou storm-shadow, ne pourraient-ils pas permettre aux ukrainiens de tenter une attaque sur ce pont ? je suis convaincu qu'il existe des pilotes près à risquer leur peau plus que raisonnablement pour tenter le coup, du moins à partir du moment ou ils seraient convaincus d'avoir une vraie chance de détruire ce fichu pont.
Parfois, je me demande, au vu des tergiversations des occidentaux, s'ils désirent vraiment une victoire militaire des ukrainiens sur Poutine. Quoi qu'il en soit, pour moi, tout deux ont déjà perdu la guerre.

Le Vieux