- blondie a écrit:
- Mais je ne sais pas comment et par qui cette décision est prise,
En avez vous une idée ???
Cela dépend ... de nombreux critères.
Dans le meilleur des cas, on sait qu'il y a un risque potentiel. On a le temps de faire les études nécessaires et de définir des seuils de dangerosité. Et on met en place des moyens de mesure, des systèmes d'alertes, des instances de décisions et on fait des exercices réguliers pour roder cela.
Et ça ne met pas à l'abri des surprises ...
Si on étudie un certains nombres de cas.
Le nuage volcanique par exemple. On sait que certains avions qui ont traversé des panaches volcaniques ont subit quelques avanies. On a donc décidé d'interdire le survol des territoires touchés par de tels panaches. Application simple du principe de précaution.
Mais, on n'a fait aucunes études sérieuses sur le problème. Donc, on ne connait pas les concentrations dangereuses à court terme, les concentration qui vont user les appareils à court terme. De plus, on n'a pas de systèmes de mesure fiables et on se base sur des logiciels de simulation pour déterminer où vont les nuages et les concentrations des poussières ....
Bref, on est dans le flou total. Mais, un avion qui tombe et c'est une catastrophe qu'aucun état ne veut assumer !
On a donc interdit de manière conservatoire le survol de nombreux territoires et de nombreuses voix s'élèvent pour dire qu'on en a trop fait.
Prenons le cas de la grippe. Dans le S&V de ce mois, il y a un article sur la question. Il y a juste un an, en avril 2009, on découvre un virus de la grippe qui se propage très vite, qui semble mortel dans 100% des cas et qui est très proche de la grippe espagnole de sinistre mémoire. Mais, depuis, les bonnes nouvelles s'accumulent. Le virus est moins dangereux qu'on avait cru au début. Il semble qu'il se transmet moins. A moins de croire certaines études qui montreraient qu'en fait, il y a eu beaucoup de contaminés, mais peu de malades. Le vaccin est tellement efficace qu'il suffit d'une dose. Mais, à l'époque, on est en pleine psychose et les voix qui s'expriment pour réclamer du calme ne sont pas entendues ou tournées en dérision. Puis, tout à coup, l'opinion publique se retourne et personne ou presque ne va se faire vacciner ... Et, on n'a pas de pandémie.
Mais, quand les politiques prennent les décisions, c'est sous la pression médiatique et alors qu'on a encore peu de bonnes nouvelles confirmées. A cet instant, pouvaient-ils ne pas prendre ces décisions ? Je me souviens d'un voyage à Paris en décembre, et j'ai vu des gens avec des gants en caoutchouc dans le métro. Ma fille a failli se faire expulser du tram à Strasbourg en octobre-novembre parce qu'elle a éternué ...
Et quand tout est calculé, réfléchi en amont ?
Prenons un exemple, que je connais bien et qui est assez ancien : le nuage de Tchernobyl. A l'époque, tous les pays avaient des plans en prévision d'une attaque nucléaire avec des seuils d'alerte des populations, des seuils d'évacuation, des seuils ou l'on aurait demandé aux gens de se calfeutrer chez soit ... De plus, ces scénarios de crise étaient régulièrement testés par des exercices réguliers.
Donc, quand fin avril 86, on commence à détecter les premières traces en dehors de l'URSS de la catastrophe, les cellules de crises se mettent en place et chacun s'apprête à jouer son rôle conformément aux exercices.
Quand le nuage est détecté en France, la nuit du 30/04 au 01/05, l'organisme concerné averti bien les médias que le nuage est détecté. Mais, on est largement sous les seuils d'intervention. Le nuage est très dilué. Mais, plusieurs de nos voisins, soient parce qu'ils étaient proche des seuils définis à l'avance : Bavière, Autriche; soient par mesure de précaution, Italie, Belgique, Angleterre, ... prennent des mesures d'interdiction de consommation de certains produits.
En France, les hommes politiques qui seuls avaient le droit d'autoriser une dérogation aux règles mises en place, décident de faire confiance aux spécialistes. Et l'opinion publique s'émeut que la France ne prenne aucune mesure d'interdiction de consommation de certains produits. A tel point que depuis, on parle d'un nuage qui n'aurait pas franchi la frontière.
Mais, petit à petit, les connaissances ont évolué. Sur certaines zones, à causes de divers phénomènes, la concentration en produits radioactifs était à la limite des seuils prédéfinis. De plus, certains végétaux ont concentré de la radioactivité, ce qui explique qu'on a trouvé des parcelles recouvertes de champignons "radioactifs" impropres à la consommation et qu'on a trouvé des sangliers dont la viande était contaminé. Fallait-il interdire ? Les experts sont partagés, ils conviennent que les interdictions dans de nombreux pays n'ont sauvé personne, puisque les doses éventuellement ingérées étaient très faibles. Mais, pour garder la confiance, il faut montrer qu'on ne subit pas un phénomène. En fait, plus que le sang contaminé, l'exemple de Tchernobyl dicte la conduite de nos responsables politiques. Ne rien faire est la solution qui est la plus nocive, politiquement parlant. Il faut être dans l'action. Mais, en faire trop est tout aussi nocif.
De plus, les experts et les décideurs politiques ne parlent pas le même langage. Les scientifiques parlent en probabilité ou en occurrence, les décideurs veulent savoir si c'est dangereux ou pas. Combien de kilomètres peut faire un avion dans un nuage volcanique à une certaine concentration de poussières avant de tomber ? A cette réponse, l'expert donnera un chiffre, alors que le politique attend de savoir s'il doit interdire ou pas les vols parce qu'il sait que si un seul avion a des pépins, on dira que c'est de sa faute.