Pourquoi les 373 MAX se crashent

En anglais


En français (avec de la pub, je le recommande quand même)

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Pour la faire courte, Boeing et Airbus ont remotorisé leur avion le plus vendu en essayant de ne pas dépenser trop d'argent en réingéniérie grace à de nouveaux moteurs SAFRAN / General Electric.
Airbus: A320 --> NEO avec nouveau moteur Leap-A
Boeing: 737 --> MAX avec nouveau moteur Leap-B
Le Leap-B consomme moins que le Leap-A, ce qui a permis à Boeing de repasser devant Airbus dans les ventes, mais il est plus gros que le Leap-A, ce qui a obligé Boeing à modifier l'emplacement du réacteur par rapport à l'aile porteuse (ce que n'a pas eu à faire Airbus parce que l'A320 a un train d'atterrissage plus haut). Conséquence, le 373 MAX cabre naturellement davantage, ce qui peut être dangereux dans certaines situation. Pour y remédier, Boeing a ajouter un logiciel (MCAS) qui détecte ça et compense automatiquement par les gouvernes.

Problème: Les 2 crash en Indonésie et Éthiopie ont montré que le logiciel est parfois défectueux et mets l'avion en piqué sans pouvoir être corrigé par l'équipage. --> Tous les 737 MAX sont interdits de vol.

Problèmes supplémentaires:

• Boeing n'arrive pas à corriger de manière satisfaisante le logiciel en question (MCAS)
  
• Boeing n'arrive pas à simuler la panne correctement en simulateur, il faudra les mettre à jour quand un correctif efficace aura été trouvé
  
• Les pilotes doivent s'entrainer sur le logiciel mais il n'y a pas assez de simulateurs dans le monde pour entraîner tous les pilotes en moins de 20 ans
  
• La production des 737 MAX continue sans que les avions ne puissent voler, Boeing les stocke partout où il peut, y compris sur les parking à voitures des employés.
  

Au début des années 2010, alors qu'Airbus passait devant Boeing dans les ventes, Boeing a taillé dans les coûts en virant les ingénieurs les plus chers (et les plus expérimentés) et en délocalisant une partie du travail dans des sociétés externes moins chères, entre autre des sociétés indiennes de logiciels, même si elles n'avaient aucune expérience en aéronautique.
Le logiciel de vol du 737 Max est défectueux, car Boeing a confié le travail à des ingénieurs payés 9 $/h ?
Boeing 737 MAX, pourquoi une mise à jour logicielle ne peut pas compenser son défaut de conception

Conséquences suivantes: Les compagnies qui ont commandé des 373 MAX pour renouveler leur flotte n'ont plus les avions nécessaires. Par exemple, Ryanair va être obligée de fermer des bases aéroportuaires à partir de cet hiver.

Très intéressant. Merci

Bien fait pour leur gueule mais dommage pour les victimes. On voit les limites du rendement à tout prix.
Le coût d'un bon ingénieur ne doit pas peser bien lourd à côté de celui de l'avion ou du dédommagement des familles des victimes.

Steph a écrit:

Bien fait pour leur gueule mais dommage pour les victimes. On voit les limites du rendement à tout prix.
Le coût d'un bon ingénieur ne doit pas peser bien lourd à côté de celui de l'avion ou du dédommagement des familles des victimes.

Pour maximiser les dividendes des actionnaires, certains font des choix douteux, et parfois ils en payent ensuite le prix. Eux, ou ceux qui leur ont fait confiance. De nos jours, un bon gestionnaire doit savoir où se situe la limite entre les bonnes économies et celles qui vont conduire à la perte de l'entreprise. Or, ils se trouvent confronté à l'impatience de certains actionnaires qui réclament des économies à tout prix. On a même vu des groupes d'actionnaires se lancer à l'assaut de certaines entreprises en vue d'en prendre le contrôle pour les démanteler, car, à leurs yeux, la valeur de la somme des parties valait plus que la valeur du tout. Pour certains actionnaires, la mode est au "recentrage sur le cœur du métier". Ce qui implique l'externalisation de tout ce qui n'est pas considéré comme le cœur du métier...

narduccio a écrit:

Steph a écrit:

Bien fait pour leur gueule mais dommage pour les victimes. On voit les limites du rendement à tout prix.
Le coût d'un bon ingénieur ne doit pas peser bien lourd à côté de celui de l'avion ou du dédommagement des familles des victimes.

Pour maximiser les dividendes des actionnaires, certains font des choix douteux, et parfois ils en payent ensuite le prix. Eux, ou ceux qui leur ont fait confiance. De nos jours, un bon gestionnaire doit savoir où se situe la limite entre les bonnes économies et celles qui vont conduire à la perte de l'entreprise. Or, ils se trouvent confronté à l'impatience de certains actionnaires qui réclament des économies à tout prix. On a même vu des groupes d'actionnaires se lancer à l'assaut de certaines entreprises en vue d'en prendre le contrôle pour les démanteler, car, à leurs yeux, la valeur de la somme des parties valait plus que la valeur du tout. Pour certains actionnaires, la mode est au "recentrage sur le cœur du métier". Ce qui implique l'externalisation de tout ce qui n'est pas considéré comme le cœur du métier...

Je suis bien d'accord que la base du truc c'est rémunérer les actionnaires mais quand on se lance dans un tel buziness, on ne peut pas regarder que le pognon et ignorer les vies humaines qui sont en jeu! Les actionnaires de fabricants de mouchoirs en papier peuvent le faire, pas ceux des avioneurs!
Bref, dans toute cette chaine, il y a des responsables, qui sont grassement payés parce que justement ils prennent des responsabilités. Ceux-là, ils doivent sentir le bâton de la justice sur leur cou. C'est pas normal de pouvoir exercer des pressions pour être plus riche et ensuite après moi le déluge.

Je suis d'accord. Mais, je pense qu'il faudrait aussi que certains actionnaires soient mis face à leurs responsabilités et puissent connaitre "le bâton de la justice sur leur cou".