cellules souches

"Stem, plus gros centre français travaillant sur les cellules embryonnaires souches humaines, a ouvert après cinq années de combat."Libération."

Super, il y en a 15 de ces centres au Royaume Uni...

Pourquoi ce retard, sur l'étude des cellules souches en France ?

Problèmes éthiques ?

Blondie

Non, ce n'est pas un problème d'éthique même si les français adorent mettre ce mot à toutes les sauces, un peu d'éthique par-ci, par là...

Excusez-moi ce mouvement d'humeur mais les français sont des idiots, on s'en est encore rendu compte pendant la semaine passée et c'est pas fini !

Le centre Stem est ridiculement petit en comparaison des centres existant dans les pays anglo-saxons et ceci n'a rien à voir avec le pognon, le nerf de la guerre, mais par volonté politique. Comment brider les appétits des scientifiques ? En réduisant la taille de leurs locaux et leur approvisionnement en matériel haut de gamme.

Si nous avons pris tant de retard en France sur les cellules souches embryonnaires, c'est uniquement une question de politique. Comme les mentalités françaises progressent à une vitesse inversement proportionnelle aux progrès de la recherche biomédicale, il faut se battre bec et ongles pour faire passer le courant au sujet des cellules souches et quelles que soient les avis rendus par la Commission Nationale d'Ethique, c'est toujours aux parlementaires que revient la décision finale. Mais donner la parole aux parlementaires équivaut en France à donner la parole au peuple, cette bande de mangeurs de foin qui n'aiment rien de plus que de rester dans leur petit microcosme sans être bousculés par de nouvelles idées ou de nouveaux concepts. Alors que font nos amis députés et sénateurs ? Je vous le donne Emile : ils votent des lois pour se faire réélire eux-mêmes à l'issue de leur mandat !

En France il n'y a aucune audace et pourtant quand on parle de cellules souches, embryonnaires ou non, il faut se rendre compte que c'est nous qui avons allumé le flambeau, mais nous l'avons bien vite éteint !!!

Je m'insurge contre la sauce éthique à outrance, son abus est écoeurant car au lieu de prendre la peine d'éduquer les gens sur l'état actuel des connaissances et les enjeux à moyen et long terme, on préfère s'en référer à de pseudo-philosophes qui se tordent la nouille des heures durant sur des concepts qui nous renvoient à certains préceptes que nous, scientifiques, rêvions de voir révoqués depuis des siècles. Je ne m'étendrai pas non plus sur le rôle de l'Eglise et autres sectes religieuses (oui pour moi l'église catholique romaine est une secte dangereuse), qui, lors des sessions des comités d'éthique, impose quasi-systématiquement son veto coupant court à toute discussion ou même réflexion (faut dire que si on demandait à un curé de réfléchir, il ne raconterait pas les conneries auxquelles il croit).

Bref, encore une fois vous me voyez écoeuré, mais avouez quand même qu'il y a de quoi ...

Je ne dirai qu'un mot: il est trop tard pour se lancer dans la compétition maintenant, surtout en saupoudrant à gauche et à droite.
Les anglosaxons ont une avance impressionnante et ce sont (encore une fois) eux qui retireront les marrons du feu.

Stephane

La science n'est pas une compétition et ne devrait jamais être considérée comme telle, c'est une quête de connaissance et de sens. La compétition entre équipes de recherche engendre les situations ubuesques que nous rencontrons chaque jour en France par les petites guéguerres qui secouent chaqhe jour le microcosme des équipes CNRS, INSERM, Universitaires et j'en passe...

En fait, non contents de peiner à recruter les jeunes diplômés français, nos chères unités de recherche française se livrent à des querelles dont le niveau global avoisine celui d'une école maternelle pour attardés mentaux. Au lieu de collaborer à l'échelle nationale et internationale (pour cela les américains sont passés maîtres dans l'art de la communication scientifique), nos amis chercheurs ne savent montrer que l'éventail de leurs petits problèmes relationnels qui datent bien souvent de leur passé universitaire. Et quand ils ne font pas tout pour s'engueuler face-à-face, ils n'hésitent pas à le faire par le biais de publications scientifiques (je t'écris un article et j'obtiens une réponse qui ferait passer des noms d'oiseaux pour de douces berceuses).

Par contre, je serais plutôt partisan de dire que la science et en particulier la recherche scientifique est une course contre la montre, nous vivons dans le domaine biomédical une véritable pression de la part des patients, de leurs familles, des associations qui les représentent et il faut bien le dire, l'objectif de la guérison n'est qu'une vague lueur à l'horizon pour de nombreuses maladies. Tout retard pris dans l'implantation de nouveaux laboratoires utilisant une technologie de pointe est une véritable catastrophe pour les patients existants et ceux à venir. Alors oui, l'affaire du laboratoire Stem est le miroir d'une nouvelle tragédie à la française, nous avons 15 ans de retard désormais sur nos voisins et collaborateurs...

BioHazard a écrit:

La science n'est pas une compétition et ne devrait jamais être considérée comme telle, c'est une quête de connaissance et de sens.

La science, comme tous les autres domaines de société, est dépendante du régime capitalisme qui nous dirige. La recherche fondamentale débouchera sur des applications cliniques, ces applications seront génératrices d'emplois et de $$. C'est ce que je voulais dire.
Maintenant la compétition personnelle au sein du monde scientifique est quelque chose qui me peine beaucoup, mais c'est lié au principe qui veut que le nombre de publications est un nombre magique qui ouvre les portes de l'emploi et du financement.
Rassure-moi: tu ne te bases pas sur le nombre de publications d'un candidat quand tu engages un nouvel employé?

Stephane

Rassure-toi Stéphane, je ne suis pas de ceux qui recrutent à "l'Impact Factor" même si, à cause de ça j'ai tendance à m'attirer pas mal d'ennemis. J'aurais même tendance à dire que je me méfie plus des petits malins qui font briller la liste de leurs publications au bas de leur CV.

Ma politique de recrutement est assez simple : je donne leur chance aux jeunes diplômés ou dans le cas bien particulier de la recherche clinique, je m'entoure de personnes que je sais être motivées tout en étant compétentes. Vous me direz que ce n'est pas si facile, c'est assez vrai, mais dans le domaine de la recherche clinique, à peu près tout le monde se connaît (de près ou de loin). Ensuite, il faut sélectionner ses sources pour bien s'informer. Mais je suis toujours désolé de voir que l'industrie pharmaceutique tout autant que le domaine institutionnel ont toujours du mal à donner leur chance aux jeunes diplômés, si bien que les annonces sur les sites spécialisés spécifient invariablement le besoin de personnel confirmé...

Je comprends que nous évoluons dans un domaine très sensible, technique, et sujet à controverse d'où la nécessité de s'entourer de personnel qualifié mais à force de refouler les jeunes diplômés et de pousser les gens à stagner dans un type de poste, on freine l'évolution des profils et c'est cela que je veux éviter.

La nouvelle du jour:

a écrit:

Cellules souches : une première française
CATHERINE PETITNICOLAS.
Publié le 24 octobre 2007
Actualisé le 24 octobre 2007 : 08h05

Des chercheurs de Paris-Sud ont obtenu la première lignée française de cellules souches embryonnaires humaines.

C'EST une date à marquer d'une pierre blanche. Des chercheurs de l'université Paris-Sud-XI (avec l'Inserm et le CNRS) viennent d'obtenir la première lignée française de cellules souches embryonnaires humaines à partir d'un embryon porteur d'anomalies chromosomiques importantes (trisomie 1 et monosomie 21) et recueilli à l'issue d'un diagnostic préimplantatoire.

Cette première a été rendue possible grâce aux modifications des lois de bioéthique en 2004. Depuis la sortie des décrets d'application en février 2006, plusieurs autres équipes se sont lancées dans la course en France, notamment à Strasbourg et à Montpellier.

Possible médecine régénératrice

Alors que dans le monde, il existe déjà deux cents lignées de ce type, notamment aux États-Unis et outre-Manche, en Corée et en Iran. L'obtention de cette première lignée de cellules à la base d'une possible médecine régénératrice est un franc succès pour l'équipe du Pr Annelise Bennaceur-Griscelli (unité Inserm 602). C'est aussi une bonne nouvelle pour toute la communauté scientifique française car cette lignée de cellules dotées de toutes les potentialités (pluripotentes) est mise à la disposition de tous ceux qui désireront y réaliser des recherches.

L'embryon avait été obtenu à l'issue d'un diagnostic préimplantatoire (DPI) mis en oeuvre pour un couple qui avait déjà perdu deux bébés d'une grave malformation cardiaque liée à ces anomalies chromosomiques. La femme de ce couple avait fait précédemment plusieurs fausses couches, probablement pour la même raison. Grâce au DPI, les biologistes de la reproduction ont détecté et réussi à réimplanter un embryon indemne de l'anomalie.

En revanche, ils ont repéré d'autres embryons anormaux à partir desquels ils ont prélevé des cellules et obtenu une seule lignée embryonnaire. Un travail difficile car les résultats ne dépassent guère les 20% à 30 % quand on procède à partir d'embryons anormaux, et donc difficilement viables (contre 50 % à partir d'embryons sains).

« Nous avons voulu partir de quelque chose de difficile, mais d'éthiquement irréprochable, confie Annelise Bennaceur-Griscelli. Mais c'est tout un art de réussir à faire pousser de telles cellules, de les maintenir en vie et de les rendre immortelles. » Avec Olivier Féraud, l'équipe a d'abord obtenu de cinquante à soixante cellules mais aujourd'hui, elle en possède plusieurs milliards toutes identiques et pluripotentes. « Nous avons déjà réussi à faire se différencier certaines d'entre elles en cellules de myocarde et nous allons tenter de vérifier si elles sont porteuses des anomalies similaires à celles observées chez ces enfants », poursuit-elle. Autre réussite, l'obtention de cellules souches capables de donner naissance à toutes les cellules du sang (globules et plaquettes). Et ce en quantité bien supérieure à ce que l'on observe d'habitude, peut-être en raison de l'anomalie chromosomique initiale. L'équipe a réussi également à faire naître des lignées de cellules nerveuses qui seront mises à la disposition du Pr Marc Peschanski, spécialiste des cellules souches dans les maladies neurodégénératives au génopole d'Évry.

Cocoricoooooo !!!!

Mais bon, je ne voudrais pas paraître défaitiste, cependant il y a une donnée très importante à garder en mémoire : cette lignée de cellules souches embryonnaires a été obtenue à partir d'un embryon porteur d'une anomalie chromosomique grave et... extraordinairement rare ! Deux trisomies portant sur des chromosomes aussi "différents" que les numéros 1 et 21 chez un même embryon, cela n'arrive que chez un embryon sur... 100 millions.

L'article du Figaro est certes très intéressant mais comporte une erreur de taille. Il est certain que toutes les cellules de la lignée sont porteuses de la même double anomalie chromosomique, leur mise en culture et leur immortalisation n'abolit en aucun cas les trisomies. L'immortalisation porte sur des voies de signalisation cellulaire inhibant les capacités apoptotiques de la cellule, c'est-à-dire les capacités de la cellule à mourir. On commence à connaître et de mieux en mieux maîtriser l'apoptose cellulaire grâce à la description des cascades de signalisation intracellulaires mettant en jeu les protéines "caspases" et les gènes de la famille Bax.

Ce qui me gène le plus dans cette avancée importante est justement que nous ayons du utiliser un embryon porteur d'une anomalie normalement fatale à l'embryon ou au foetus. Il est certain que des anomalies structurelles et fonctionnelles (métaboliques) seront toujours existantes dans cette lignée et leur fonctionnement ne peut donc pas être comparé à celui d'une cellule "normale". Le but ultime de cette lignée spécifique n'est pas de s'en servir comme d'un produit de thérapie cellulaire mais comme d'un chaînon de recherche sur la culture et l'évolution des cellules souches (cultures orientées vers tel ou tel type cellulaire).

Nous accumulons toujours un retard dramatique sur nos collègues américains, anglais... car la plupart des lignées obtenues dans ces pays l'ont été grâce à des embryons viables et donc reproduisant à l'identique le comportement fonctionnel des cellules souches naturelles. Ces lignées pourraient à l'occasion être utilisées comme des vecteurs de thérapie cellulaire, c'est d'ailleurs déjà le cas.

Encore une fois nous affrontons une barrière éthique qui fait reculer de très nombreuses équipes de recherche françaises. J'ajouterai à ce titre que les cellules souches nerveuses utilisées par Marc Peschanski n'ont pas été obtenues à partir de cellules souches embryonnaires mais elles sont issues de la culture de cellules souches issues de biopsies humaines. Il existe dans le cerveau comme dans tous les organes des cellules souches, mais leur degré de différenciation est bien plus élevé que celui des cellules souches embryonnaires.